Quarante-cinq évêques se sont succédé à la tête du diocèse de Saint-Flour depuis sa création en 1317.
Le chanoine Chaludet a consacré deux volumes à l’histoire des évêques du XIVeau XVIe siècles et l’historien Pierre Chassang a poursuivi ce travail dans son ouvrage Les évêques de saint-Flour dans leur diocèse sous l’ancien Régime.
Le chanoine Andrieux, archiviste du diocèse jusqu’en 2006, consacra une plaquette à l’histoire résumée des quarante-cinq évêques.
Raymond de Mostuéjouls (1317-1319)
Raymond de Mostuéjouls appartenait à une grande famille du Rouergue. Il naquit vers 1275 au château de Mostuéjouls, en bordure du Tarn. Son père mourut jeune et il fut élevé par sa mère. Après un séjour dans le monastère bénédictin de Saint-Guilhem le désert, diocèse de Lodève, il fait ses études à l’université de Toulouse, puis remplit dans son monastère les fonctions de camérier. Élu abbé de Saint-Thibéry, il ne tarda pas à devenir le chapelain du nouveau pape Jean XXII, originaire de Cahors. En juillet 1317, il fut nommé premier évêque de Saint-Flour, ce diocèse venant d’être créé par le détachement du diocèse de Clermont, jugé trop vaste par le pape Jean XXII. Raymond de Mostuéjouls nomma deux vicaires généraux mais séjourna très peu dans son nouveau diocèse, retenu à Avignon. En 1319, il reçut du Saint-Siège le pouvoir d’unir à l’archiprêtré de Saint-Flour ceux d’Aurillac, de Blesle, de Langeac et de Brioude. Le 22 avril 1319, il fut nommé évêque de Saint-Papoul où il fit son entrée en mai 1320, mais ne résida probablement pas dans son diocèse. Le 18 décembre 1327, il reçut du pape la pourpre cardinalice (cardinal-prêtre). Il se démit du diocèse de Saint-Papoul, vint résider à Avignon et reprit ses anciennes fonctions de chapelain du pape. Il mourut dans la cité papale le 6 janvier 1336 et fut inhumé au monastère de Saint-Guilhem le Désert, conformément à ses dispositions testamentaires. C’était un homme de grande érudition et qui avait de remarquables qualités intellectuelles.
Henri de Fautrières (1319-1321)
Henri de Fautrières naquit dans le diocèse d’Autun, au château de Courcheval en Bourgogne. Sa date de naissance se situe entre 1230 et 1240. Il s’orienta vers le monastère bénédictin de Cluny et résida dans le petit prieuré de Froville diocèse de Toul. Par la suite, il fut le 29e abbé de Cluny et promulgua des statuts d’une grande sagesse tout en s’efforçant de ramener les moines à la discipline primitive. En 1311, il participa au concile œcuménique de Vienne réuni par le pape Clément V. Le 22 avril 1319, le pape Jean XXII le nomma évêque de Saint-Flour en remplacement de Raymond de Mostuéjouls. Dès le début de son pontificat, il régla diverses questions relatives au chapitre cathédral et au prieuré de Saint-Flour. Mais le nouvel évêque mourut le 2 février 1321, donc très peu de temps après sa nomination, et fut inhumé dans l’ancienne église cathédrale.
Archambaud (1321-1347)
Selon toute vraisemblance, « Archambaud » est un prénom et nullement un nom patronymique, et de ce fait on ignore à quelle famille il appartenait. Il semblerait que celle-ci soit périgourdine, peut-être la famille des Talleyrand-Périgord. Bien que ses origines soient mal connues, on sait qu’il devint moine de l’abbaye bénédictine de la Sauve-Majeure en Gironde. En 1321, il fut nommé évêque de Saint-Flour par le pape Jean XXII, et administrateur de l’abbaye d’Aurillac, ce qui n’alla pas sans difficultés. Mais il sut se montrer à la hauteur de la tâche et remit de l’ordre et de la discipline dans le monastère tout en augmentant ses ressources. Il réunit le premier synode diocésain en 1326. En 1335, le pape lui retira la charge d’abbé d’Aurillac et il put se consacrer entièrement à son diocèse. Archambaud se préoccupa du sort matériel et spirituel de ses prêtres. En 1336, il se rendit auprès du pape d’Avignon, Benoît XII, pour un motif qu’on ignore. Pour des questions d’ordre matériel, il eut des démêlés avec les moines de la Chaise-Dieu. Archambaud avait également l’administration temporelle de la cité épiscopale ce qui occasionna de fréquents conflits avec les consuls. A partir de 1342, sa santé donna des inquiétudes, aussi donna-t-il en 1347 sa démission au pape. On ne connaît pas la date de sa mort, mais il fut enterré dans la cathédrale de Saint-Flour.
Dieudonné de Canillac (1347-1361)
Dieudonné de Canillac était le fils du marquis de Canillac et d’Éléonore d’Apchier, une famille aristocratique ayant donné de nombreux enfants à l’Église et demeurant à La Roche-Canilhac près de Chaudes-Aigues. Il fut d’abord moine à l’abbaye d’Aniane, dans la région de Montpellier, dont l’abbé était l’un de ses parents. Après des études universitaires à Toulouse, il remplit dans son monastère les fonctions de camérier. En 1347, il succéda à Archambaud à la tête du diocèse de Saint-Flour. Il nomma un vicaire général car il résidait auprès du pape Cément VI à Avignon. Un de ses premiers actes dans son diocèse fut de rattacher le prieuré de Roffiac à l’archiprêtré de Saint-Flour. Il apaisa la querelle entre l’abbé de Pébrac et Robert Dauphin d’Auvergne. Il créa des collégiales de prêtres dans les paroisses de Murat, Ruynes et Chaudes-Aigues. En 1342, il participa à la translation du corps de saint Robert de Turlande, fondateur de l’abbaye de la Chaise-Dieu. En 1361, il opéra l’union du prieuré de Vieille-Brioude à la mense abbatiale de Pébrac. Son épiscopat fut assombri par les débuts de la guerre de Cent Ans et les fréquentes incursions des Anglais dans son diocèse. Le 2 août 1361, le pape Innocent VI transféra Dieudonné de Canillac du diocèse de Saint-Flour à celui de Maguelone, dans l’actuel diocèse de Montpellier. Il mourut vraisemblablement en 1366.
Pierre d’Estaing (1361-1367)
Pierre d’Estaing appartenait à une puissante famille rouergate, établie à Estaing près d’Espalion. Une branche de cette famille habitait la château du Saillans, près de Saint-Flour. Elle donnera un autre évêque au diocèse, Joachim d’Estaing. Pierre d’Estaing était le quatrième de neuf enfants, fils de Guillaume et d’Emingarde de Cheylane, en Haute-Auvergne. Il dût naître entre 1324 et 1330. Pierre d’Estaing aurait voulu être militaire mais « il fût d’Église » et devint moine bénédictin à l’abbaye de Conques. Il fit ses études de droit canonique à l’université de Montpellier où il enseigna un certain temps. Il devint ensuite prieur du monastère de La Canourgue, en Gévaudan. Nommé évêque de Saint-Flour par le pape Innocent VI en 1361, Pierre d’Estaing fut très actif dans son diocèse. Il fit notamment construire la belle église gothique de Villedieu où il établit un collège de chanoines. À Saint-Flour il fit édifier l’église des Jacobins (ou frères-prêcheurs, ou dominicains). Malheureusement, l’évêque de Saint-Flour devait connaître bien des difficultés. La peste sévissait périodiquement et amenait souvent la famine. Les Anglais, les grandes compagnies et les « Tuchins » ravageaient le pays et n’hésitaient pas à prendre d’assaut certaines localités, telles Albepierre, Celles, Chaliers ou Paulhac. Dans ce bourg planézard, en 1363, Mignot, bâtard de Guillaume de Cardaillac, vicomte de Murat, s’était emparé de l’église et s’y était retranché comme dans une place forte. De là, il se livrait à des expéditions de pillage dont l’évêque lui-même fut la victime. Celui-ci, chef spirituel et temporel, finit par lever une troupe afin de donner l’assaut à l’église de Paulhac. En 1367, Pierre d’Estaing fut transféré à l’archevêché de Bourges et promus cardinal en 1370. Par la suite, il reçut l’évêché de Ferrare en Italie. Il devait mourir en 1377, doyen du Sacré Collège.
Pierre de Raussen (1368-1374)
On ne sait rien de l’enfance de Pierre de Raussen, le premier évêque choisi en dehors des rangs monastiques. Il accéda au titre de docteur en droit canonique mais on ignore en quelle université il fit ses études. Il fut nommé notaire de la chambre apostolique par le pape Urbain V. Il succéda à Pierre d’Estaing à la tête du diocèse de Saint-Flour, mais ne commença à remplir sa fonction qu’en 1368, le diocèse étant auparavant dirigé par un vicaire général. À son arrivée à Saint-Flour il eut des démêlés avec le duc d’Auvergne, Jean de France, et le roi Charles V dut intervenir et trancher en faveur de l’évêque. Comme son prédécesseur, Pierre de Raussen eut à souffrir de la guerre de Cent ans et des exactions anglaises. Il eût maille à partir avec les consuls de Saint-Flour, réunit un synode en vue de favoriser la vie spirituelle de son clergé et eut un différend avec le chapitre cathédral pour des questions matérielles. Il institua recluse, sur le pont de l’Ander, la veuve de Guillaume Chazelle. Pierre de Raussen mourut en 1374.
Pons d’Aurouze (1374-1383)
Pons d’Aurouze appartenait à une famille illustre de Haute-Auvergne apparentée aux Mercoeur. Pons naquit entre 1301 et 1303, quatrième fils de Bertrand et Luce de Vernols. Vraisemblablement, il fit ses études universitaires à Toulouse, entra dans les ordres et fut chanoine de Saint-Julien de Brioude. En 1374, il fut appelé par le pape Grégoire XI à devenir évêque de Saint-Flour et fut probablement sacré à Saint-Julien de Brioude. La charge temporelle qui lui incombait lui donnait bien des soucis, les administrateurs choisis n’étant pas toujours dignes de confiance. Il rencontra des difficultés avec les consuls à propos du privilège de la garde des clés des portes de la ville. Au moment de la réfection d’une partie des remparts, plusieurs notables se plaignirent à l’évêque de certaines expropriations qui donnèrent lieux à des procès couteux, d’autant que l’affaire fut portée devant le pape Grégoire XI et devant le Parlement de Paris. Cela provoqua un mécontentement populaire très important qui obligea l’évêque à se retirer plusieurs fois à Aurouze. Pons eut aussi des difficultés avec le duc de Berry, qui avait des propriétés dans le diocèse de Saint-Flour. L’évêque de Saint-Flour procéda à l’organisation de divers chapitres de chanoines, notamment à Murat et Massiac. Il améliora le sort matériel des chanoines du chapitre cathédral. Il mourut dans les premiers jours de 1383, déjà fort âgé et affaibli par les épreuves de son épiscopat.
Pierre de Vissac (1383-1396)
Pierre de Vissac appartenait à une grande famille de la région de Brioude. Il naquit dans la première moitié du XIVe siècle et était le second fils d’Etienne de Vissac, chancelier de France, et d’Alix de Poitiers. Il fut conseiller clerc au parlement de Paris, chanoine de l’église de Meaux puis doyen du chapitre de Brioude. Le pape Clément VII le nomma évêque de Saint-Flour en 1383, mais il n’entra dans son diocèse qu’en 1385 et eut à négocier avec les consuls au sujet de leurs franchises et privilèges. La situation n’était guère brillante en raison de la présence des bandes de routiers dans les environs de Saint-Flour et notamment à Alleuze, ce qui donnait lieu à de fréquents affrontements ; peu de temps après, la peste fit son apparition. La cathédrale, qui était en piteux état, s’effondra en partie en 1396. Les cloches furent brisées et on dut les remplacer par cinq nouvelles. Pons de Vissac eut des démêlés avec l’abbé de Pébrac et les consuls de Saint-Flour. Il résidait souvent dans ses châteaux de Vals, Villedieu ou Sériers. En 1396, il fut nommé évêque de Lavaur mais ne prit possession de son siège qu’en 1398 et mourut en 1404.
Hugues de Magnac (1396-1404)
On sait peu de choses sur les origines d’Hugues de Magnac, sinon qu’il naquit dans la Creuse et entra chez les moines bénédictins de Saint-Martial de Limoges. Il devint ensuite prieur de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris, puis à partir de 1387, prieur de Sainte-Marie de Gournay-sur-Marne. En 1388, il fut abbé de Rebais au diocèse de Meaux et conseiller du roi. En 1396, le pape Benoit XIII le nomma évêque de Saint-Flour, mais contrairement à ses prédécesseurs, il ne nomma qu’un vicaire général. Le nouvel évêque ne fit son entrée solennelle qu’en 1398 et aussitôt se préoccupa de la reconstruction de la cathédrale en prescrivant des quêtes dans tout le diocèse. La fin du XIVe siècle fut marquée par l’apparition de la peste. En 1401, les Dominicains furent chassés parce qu’ils s’obstinaient à rester fidèle à l’anti-pape. En 1404, Hugues de Magnac fut nommé évêque de Limoges. Il mourut en 1412.
Géraud du Puy (1404-1413)
On ne sait à peu près rien des origines de Géraud du Puy, sinon qu’il naquit à Saint-Flour dans une famille bourgeoise. Il y fut moine bénédictin et se fit remarquer par son érudition. Il fut ensuite prieur du monastère d’Ays, près de la Rochelle, puis prieur de Lavoûte-Chilhac, près de Brioude. En 1403, il fut nommé évêque de Montauban par le pape Benoît XIII, puis évêque de Saint-Flour dès l’année suivante. Il ne prit néanmoins possession de son siège qu’après un certain temps et résidait au château de Sériers en raison de difficultés avec les consuls de Saint-Flour. L’affaire fut même portée devant le roi. Géraud du Puy obtint du pape une somme importante en vue de la reconstruction de la cathédrale. Sous son épiscopat fut achevée l’église collégiale Notre-Dame (1405). La recluserie fut réaménagée et on y introduisit un reclus. En 1406 Géraud du Puy fut nommé par le roi Charles VI membre du grand conseil, et l’année suivante il fut envoyé en Angleterre en vue de la négociation d’une trêve dans la Guerre de Cent ans. Par la suite il fut également envoyé en ambassade en Castille et en Aragon. En 1413, il fut nommé évêque de Mende, mais n’y resta que trois mois car il fut transféré à l’évêché de Carcassonne où il mourut le 8 août 1420.
Bertrand de Cadoène (1412-1426)
Il appartenait à une illustre famille de Gabriac en Gévaudan. Il naquit probablement entre 1366 et 1368 au château de Cadoène, de Bernard et d’Agnès de Chateauneuf-Randon. Il entra chez les moines bénédictins de Cluny où résidait un de ses oncles. Puis il fut prieur de Sauzet, dans le diocèse de Valence. Après sa formation universitaire il obtint une chaire de droit canonique en Avignon. En 1405, il devint évêque de Paphos, dans l’île de Chypre, puis fut nommé en 1413 évêque de Saint-Flour. En 1414, l’évêque de Saint-Flour se rendit au concile de Constance réuni en vue de faire cesser le grand schisme d’occident et les troubles de la papauté. En 1416, saint Vincent Ferrier vint prêcher à Saint-Flour, attirant des foules énormes. Le reclus lui-même fut autorisé à l’entendre. En 1425, Bertrand de Cadoène se rendit à Rome auprès du pape Martin V pour une raison qu’on ignore. C’est sous son épiscopat que la construction de la nouvelle cathédrale commença. En 1426, il fut nommé à Uzès. Il mourut en 1441.
Jacques Le Loup de Beauvoir (1426-1451)
Jacques Le Loup de Beauvoir appartenait à une riche famille du Bourbonnais. Son père était Blain Le loup et sa mère Sibille de Crux. Il naquit au château de Beauvoir. Il entra chez les bénédictins de Charroux et devint en 1419 prieur du monastère de Saint-Pourçain sur Sioule. Le 19 août 1426, il fut nommé évêque de Saint-Flour par le pape Martin V et prit possession de son siège épiscopal en mai 1417. La cité vivait toujours sous la menace des routiers et de la peste. Le 14 mai 1437, Jacques Le Loup reçut le roi Charles VII escorté de son fils le Dauphin, le futur Louis XI. Le roi fut hébergé dans le palais épiscopal mais en dépit d’une légende tenace la favorite Agnès Sorel n’accompagnait pas le Roi. Par la suite le dauphin devait revenir à Saint-Flour. L’évêque prit également à sa charge la construction d’une partie de la cathédrale et ses armoiries se trouvent sur une clef de voûte. Il emprunta personnellement de fortes sommes afin de lever des troupes pour purger le pays des bandes d’écorcheurs. Il résida le plus souvent dans son diocèse où il rendit l’âme le 3 septembre 1451.
Pierre de Léotoing-Montgon (1451-1461)
La famille de Pierre de Léotoing-Montgon était vraisemblablement issue de celle des Mercoeur qui avaient de nombreuses possessions en Haute et Basse-Auvergne. Pierre de Léotoing naquit au château de Chalet près de Massiac entre 1380 et 1390, de Béraud et Isabelle d’Isserpens. Il devint moine de Sauxillanges, puis de Vorlonche près de Brioude, puis prieur du monastère de Saint-Flour. En 1451, en dépit de son âge avancé, il fut nommé évêque de Saint-Flour. Il prit possession de son siège épiscopal en 1452, alors que se terminait la guerre. En 1461, il donna sa démission en faveur de son frère Antoine. Antoine de Léotoing-Montgon (1461-1482)
Antoine de Léotoing-Montgon (1461-1482)
Antoine de Léotoing-Montgon a probablement été moine de Sauxillanges, comme son frère. Il fut ensuite chanoine du chapitre Saint-Julien de Brioude et enfin moine au monastère de Saint-Flour. En 1461, il prit la succession de son frère alors que la peste faisait des ravages dans la région. Le reclus Jean Roussilhes ne fut pas épargné et remplacé par Pierre Martin. Soixante-huit ans après le début des travaux, la nouvelle cathédrale gothique fut enfin terminée et consacrée le 7 décembre 1466. Une inscription gravée sur la façade commémore ce grand événement. Antoine de Léotoing-Montgon fut l’objet de la vindicte du roi Louis XI qui lui reprochait son manque de soumission. Il fut même emprisonné et ne recouvra sa liberté qu’en prêtant serment de fidélité, mais sa santé fut ébranlée. Il mourut dans son manoir de Chalet le 4 novembre 1482.
Claude de Doyat (1483-1493)
Claude de Doyat naquit à Cusset en 1440. Son frère Jean était un favori du roi Louis XI. Il intégra le chapitre cathédral de Clermont mais sans vocation véritable. C’était un homme ambitieux, peu scrupuleux, avide d’honneurs et de richesses. Il devint abbé commendataire de Valette en 1481. Sous la contrainte de Guillaume de Doyat, son frère, le chapitre cathédral de Saint-Flour l’élut évêque de ce diocèse en 1483. Cette élection était entachée de nullité, aussi Claude de Doyateut-il des difficultés à trouver un évêque consécrateur. De fait, Louis XI avait comme candidat à l’évêché de Saint-Flour Charles de Joyeuse. Aussi intervint-il auprès du pape pour faire annuler l’élection de Claude de Doyat. Celui-ci entra en relation avec Sixte IV afin de plaider sa cause, mais en vain, car le pape annula son élection. Doyat fit alors intervenir le Parlement de Paris en 1486, qui le maintint à la tête de l’évêché de Saint-Flour. À son tour, le nouveau pape Innocent VIII confirma la validité de l’élection de Doyat, si bien que Charles de Joyeuse tenta de le déloger par la force mais sans succès. Finalement, le pape Alexandre VI Borgia le destitua définitivement en 1493 et nomma Charles de Joyeuse à sa place.
Charles de Joyeuse (1493-1500)
Charles de Joyeuse appartenait à une famille illustre de Chateauneuf-de-Randon, en Gévaudan. Il naquit au château de Joyeuse vers 1451, le second des cinq enfants de Tannery de Joyeuse et Blanche de Tournon. Charles étudia le droit à l’université de Valence. En 1483, le roi Louis XI le fit nommer évêque de Saint-Flour, mais la place était prise et le fut jusqu’en 1493. Peu après son entrée en fonction, il eut des démêlés avec l’abbé d’Aurillac qui n’entendait ne relever que du saint Siège et put maintenir son privilège. En 1493, l’église de Murat fut détruite par un incendie. L’évêque organisa des quêtes dans le diocèse en vue de sa reconstruction. En 1500, Charles de Joyeuse se démit de ses fonctions en faveur de son neveu, Louis de Joyeuse, mais celui-ci étant âgé de 18 ans, Charles resta administrateur du diocèse jusqu’à sa mort en 1502. Au cours de son pontificat il fit construire la tour des cloches de la cathédrale.
Louis de Joyeuse (1500-1543)
Louis de Joyeuse était originaire de Viviers et le second fils de Guillaume, vicomte de Joyeuse et d’Anne Balzac. Il fut nommé évêque de Saint-Flour à l’âge de 18 ans par l’intercession de son oncle, mais ne devait être sacré qu’à 26 ans seulement. Lorsqu’il entra dans son diocèse, la peste sévissait. Il participe en 1511, au concile de Pise, par la suite transféré à Milan au cours duquel le pape Jules II est jugé à la demande du roi de France. En 1526, il se rend à Paris pour fêter la délivrance du roi François Ier. Louis de joyeuse mourut en 1543.
Barthazar de Jarente (1543-1547)
Balthazar de Jarente appartenait à une famille noble d’Aix en Provence. Docteur en droit, il fut chanoine d’Aix, puis prieur du monastère de Cadenet dans le diocèse d’Avignon. Il fut également ambassadeur à Rome et à Constantinople, puis nommé évêque de Vence, près de Grasse. En 1543, il fut transféré au diocèse de Saint-Flour où il fit son entrée solennelle en 1544. Il fut le premier évêque nommé par le roi, selon les stipulations du concordat de 1516. L’année suivante s’ouvrait le concile de Trente, mais Balthazar de Jarente ne participa pas aux premières cessions. Il eut deux procès avec le chapitre cathédral pour des questions administratives. Il eut également des difficultés avec le clergé diocésain au sujet de taxes que celui-ci voulait lui imposer, et des démêlés avec l’abbé de la Chaise-Dieu pour des questions matérielles. Pour toutes ces raisons et à cause d’un climat trop rude auquel il ne s’habituait pas, il demanda en 1547 à permuter avec Mgr de Lévis-Châteaumorand, évêque d’Embrun. Il mourut le 27 juin 1555.
Antoine de Lévis-Châteaumorand (1547-1566)
Antoine de Lévis-Châteaumorand appartenait à une illustre famille de Saint-Martin d’Estréaux dans le Forez. Fils de Jacques et de Louise de Tournon, il fut d’abord chanoine-comte du diocèse de Lyon. En 1516, il fut nommé évêque de Saint-Paul les Trois Châteaux en Dauphiné, puis en 1527, archevêque d’Embrun, et enfin, en 1547, il permuta avec Mgr de Jarente de façon à être évêque de Saint-Flour, se rapprochant ainsi de sa famille. Le protestantisme essaya de s’implanter dans son diocèse, notamment à Aurillac et à Maurs, mais ne fit pas beaucoup d’adeptes à Saint-Flour. En 1561, l’abbaye d’Aurillac en pleine décadence, demanda à Pie IV sa sécularisation. Le pape accepta et les moines devinrent des chanoines du chapitre collégial. Mgr de Lévis créa l’enfermerie de Montaigu, destinée à recevoir les lépreux et les pesteux. Il présida un synode diocésain qui publia des statuts. Les grandes épidémies de 1555 et 1556 le poussèrent à se réfugier dans son château de Roffiac où il s’éteignit en 1566, peut-être victime de la peste.
Jean-Paul de Selve (1567-1569)
La famille de Jean-Paul Selves était d’origine italienne mais s’était établie dans le Limousin au XIVe siècle. Son père Jean de Selve était dans la magistrature. De son mariage avec Cécile de Buscy, il eut dix enfants dont cinq survécurent. Jean-Paul, le cinquième est né à Auvers, diocèse de Sens, entre 1508 et 1512. Il reçut la tonsure cléricale très jeune et devint précepteur et aumônier du duc d’Anjou. En 1555, il devint prieur du monastère de Cluny, qui était en pleine décadence. Vers la fin de 1556, il fut nommé par le roi Henri II, ambassadeur à Rome auprès du pape Paul IV, une fonction qu’il exerça pendant deux ans. De retour en France, il fut précepteur du duc d’Orléans puis nommé évêque de Saint-Flour, mais ne fut sacré que le 7 juillet 1567. Le nouvel évêque nomma comme vicaires généraux Jean et Pierre Brisson, de la famille de l’illustre libérateur de la ville de Saint-Flour, Antoine de la Volpillière et N. Bonafos, car il semblerait que Jean-Paul de Selve ne soit jamais venu à Saint-Flour. Les deux années que dura son épiscopat furent marquées par les guerres de religion. Les « Huguenots » s’étaient emparés de Carlat, Vic, Pesteils et s’introduisirent même dans Aurillac. L’hiver 1569 fut particulièrement rigoureux et amena la disette. Jean-Paul de Selve mourut en 1569 à Limoges.
Pierre de la Baume (1573-1595)
Pierre de la Baume était le fils de Claude, baron de Mont-Saint-Servin et comte de Montrevel. Pierre était très doué sur le plan intellectuel et, très jeune, il manifesta une grande piété. Sa naissance illégitime constituait une irrégularité pour les fonctions ecclésiastiques, mais il obtint une dispense. Il fut le précepteur du duc d’Anjou, le futur Henri II, qu’il suivit lorsque celui-ci devint roi de Pologne avant de devenir roi de France. Pierre de la Baume fut ensuite abbé d’un monastère du diocèse de Périgueux. Après la mort de Mgr de Selve, le diocèse de Saint-Flour resta vacant jusqu’en 1573, date à laquelle Pierre de la Baume y fut nommé évêque. Il ne fit son entrée solennelle qu’en 1576. Son pontificat fut interrompu par la nomination d’Antoine d’Urfé abbé de la Chaise-Dieu qui vint le remplacer, mais fut aussitôt tué. Antoine de la Baume resta donc évêque de Saint-Flour jusqu’en 1595. La Haute-Auvergne subissait les conséquences des guerres de religion et connaissait la disette et les épidémies. Pour les conjurer l’évêque organisa des processions dans tout le diocèse. Il participa au concile de Bourges, en 1584, où l’on décida l’adoption de la liturgie romaine.
Raymond Rouchon (1599-1602)
Raymond Rouchon naquit dans la région de Martel, diocèse de Cahors d’une famille paysanne. Après ses études secondaires, il entra à l’université de Cahors, fondée par Jean XXII. Il fut d’abord bachelier puis maître en théologie et docteur en droit. Il fut aumônier du roi puis prieur du monastère de la Réole dans la région de Bordeaux, mais presque simultanément fut élu évêque de Saint-Flour. Raymond Rouchon fut l’un des rares évêque sous l’ancien régime à ne pas être noble. Il choisit comme vicaire généraux Pierre Brisson et Charles Descorole et séjourna peu à l’évêché, lui préférant la propriété des Noailles au château de Prunières. Les Noailles pouvaient ainsi le manipuler à leur guise. Il mourut en 1602.
Charles de Noailles (1609-1646)
Charles de Noailles naquit le 27 juillet 1589 au château de Prunières, près de Cros de Montvert. Sa famille était d’origine corrézienne. En 1606, il fut nommé abbé d’Aurillac et fit reconstruire l’église abbatiale en bien mauvais état. En 1609, il fut nommé évêque de Saint-Flour. En 1628, il fonda le monastère de la Visitation à Saint-Flour après avoir fait appel à six religieuses du monastère de Montferrand. Par la suite les religieuses de ce monastère essaimèrent à Albi, Aurillac et Brioude. En octobre 1627, la peste fut déclarée dans la ville de Saint-Flour où elle fit à nouveau d’énormes ravages pendant quatre ans, entraînant la mort des deux tiers de la population. Mgr de Noailles se dépensa sans compter au service des malades. Il fut également un bâtisseur. Il fit exhausser la grande tour de la cathédrale, fondre et installer la légendaire cloche Marie-Thérèse et surtout construire le palais épiscopal, rebâti en entier sur les ruines du vieux château de Brezons. Il fut député des Etats Généraux en 1614, puis nommé évêque de Rodez en 1646 et mourut en 1648.
Jacques de Montrouge (1647-1664)
Jacques de Montrouge est né à Paris d’une famille de la riche bourgeoisie commerçante. Il obtint le grade de docteur en théologie et s’était introduit à la cour en qualité d’aumônier ordinaire et prédicateur favori de la reine régente Anne d’Autriche. Il fut ensuite nommé évêque de Saint-Flour, en 1647. Jacques de Montrouge fut un chef religieux particulièrement diplomate, actif et efficace. Prieur de Molompize, il fit reconstruire la maison prieurale et placer ses armoiries, il encouragea la fondation du couvent de dominicaines de Murat et des bénédictines de Vic. Vers 1650, il nomma une commission pour recueillir tous les témoignages concernant Agnès de Langeac. Mais il fut surtout, en 1650, le fondateur du Séminaire de l’Hermitage de Notre-Dame, aidé de M. Olier, abbé de Pébrac, qui lui dépêcha deux de ses Sulpiciens M. Eymère et M. Planat pour diriger l’établissement. Ils furent remplacés en 1653 par des prêtres diocésains, les abbés Delort et Crozat, qui œuvrèrent pendant vingt-et-un ans. Le premier séminaire étant de taille modeste, les séminaristes logeaient chez les ecclésiastiques de la ville. En 1661, Mgr de Montrouge reçut l’évêché du Puy en complément. En 1664, il fut nommé évêque de Rodez mais mourut avant d’en prendre possession. Il légua à son séminaire cinq-cents ouvrages.
Hiérosme de la Motte-Houdancourt (1664-1693)
Hiérosme ou Jérôme de la Motte-Houdancourt est né près d’Amiens en 1618. Il était le frère du maréchal de même nom. Il fut nommé évêque de Saint-Flour le 16 mai 1664 et choisit M. Pastour comme vicaire général. Il laissa la direction de son séminaire à MM Delort et Crozat et imposa aux séminaristes un règlement strict. Le temps du séminaire était de six mois et on y entrait à l’âge de 23 ans muni d’un certificat de bonne conduite. Les cours de philosophie étaient donnés au collège par les Jésuites. À partir de 1674, la direction du séminaire fut confiée aux Lazaristes. Mgr de la Motte-Houdancourt s’intéressa particulièrement à mère Agnès de Langeac et fit faire des études sur les miracles qui lui étaient attribués. En 1667, il ordonna de grandes fêtes en l’honneur de la canonisation de saint François de Sales. Il eut la même année des démêlés avec le chapitre cathédral de Brioude qui aurait voulu dépendre directement du Saint Siège, mais entretint de bonne relations avec l’abbé d’Aurillac. Il mourut en 1693.
Joachim Joseph d’Estaing (1693-1742)
Joachim d’Estaing eut un très long épiscopat. Il naquit en 1654 au château du Sailhant, près de Saint-Flour, mais sa famille était d’origine aveyronnaise. Il fut nommé chanoine-comte de Lyon et prieur de Saint-Irénée. Il devint évêque de Saint-Flour le 8 septembre 1693 et fut sacré le 3 janvier 1694. En 1709, la ville de Saint-Flour fut frappée par la peste et l’évêque ordonna des prières publiques. En 1715, il demanda une reconnaissance officielle des reliques de saint Fleuret à Estaing.
Paul de Ribeyre(1742-1776)
Paul de Ribeyre naquit à Clermont le 2 décembre 1691. Son frère était trésorier général de France en la généralité de Riom. Il appartenait à une famille bourgeoise qui avait acquis un titre de noblesse. Il s’orienta vers le sacerdoce et devint docteur en Sorbonne. Très jeune encore il fut chanoine du chapitre cathédral de Clermont, et fut vicaire général de Mgr Massillon, un poste qu’il occupa une quinzaine d’années. À la mort de Mgr d’Estaing, il fut nommé évêque de Saint-Flour et sacré le 12 août 1742. Il réunit un synode à son arrivée dans le diocèse et fit adopter en 1743 les ordonnances ou statuts synodaux du diocèse. Il œuvra énormément pour Saint-Flour : il fit construire un hôpital-hospice, rénova le couvent de Notre-Dame, la percée et l’aménagement de la rue du Collège, et enfin se lança dans la construction du Grand Séminaire. Il finança avec quelques Lazaristes l’achat des terrains nécessaires. Le chantier débuta en 1752 et s’acheva en 1762. Il mourut le 8 juin 1776, laissant le souvenir d’un évêque mécène et bâtisseur.
Hippolyte de Bonteville (1776-1779)
Hippolyte de Bonteville naquit dans le diocèse de Rennes le 5 août 1741. Il fut nommé évêque de Saint-Flour en 1776 et son intronisation n’eut lieu que l’année suivante. Il ne resta que deux ans et fut transféré en 1779 au diocèse de Grenoble. Il ne résida pas à Saint-Flour mais à Paris. Sous son épiscopat fut transféré le cimetière de la ville hors les murs, près de l’hôpital, dans un enclos que Mgr de Ribeyre avait acquis dans ce but et afin de respecter l’édit de Louis XV.
Claude-Marie Ruffo de Laric (1779-1801)
Claude-Marie Ruffo est le dernier seigneur évêque de Saint-Flour. Il naquit à Grenoble le 16 novembre 1746, il fut conseiller clerc au parlement de Grenoble et vicaire général de ce diocèse. Il fut nommé le 29 août 1779 et sacré en 1780. Il effectua des visites pastorales en 1782 et 83. Élu député du clergé du Haute-Auvergne aux États-Généraux (mars 1789) il réprouva solennellement la Constitution Civile du Clergé, refusa le serment et incita les prêtres de son diocèse à l’imiter, et à refuser de reconnaître l’évêque constitutionnel Thibault. Il s’exila en donnant les pleins pouvoirs à son vicaire général, M. de Rochebrune, resté sur place, et se considéra comme l’évêque légitime jusqu’en 1801. Il accepta alors de démissionner, en vertu du concordat de Napoléon Bonaparte. Nommé chanoine titulaire de Saint-Denis en 1806, élevé à la dignité de baron d’Empire en 1808, il mourut à Paris en 1818. Après que Mgr Ruffo se soit exilé, le diocèse fut administré par son vicaire général, l’abbé de Rochebrune. Puis il y eut, successivement, deux évêques constitutionnels.
Anne-Alexandre Thibault (1791)
Curé de Souppes en Seine et Marne, député à la Constituante, il fut élu évêque constitutionnel du Cantal en 1791, député à la Convention en 1792 (il refusa de voter la mort du roi) et abandonna ses fonctions sous le Directoire.
Louis Bertin (1800)
Curé de Bassignac, élu curé constitutionnel de Mauriac, il devint en 1800 évêque du Cantal et démissionna l’année suivante.
Jean-Éléonore Montanier de Belmont (1802-1808)
Jean-Éléonore Montanier de Belmont est né à Seyssel dans l’Ain le 8 mars 1756 de Claude et Benoite Constantin. Entré dans les ordres, il devint chanoine d’Alais, puis vicaire général de Nîmes. En 1802, il fut nommé évêque de Saint-Flour mais avec la charge supplémentaire de l’évêché du Puy, annexé à celui de Saint-Flour. Il s’efforça de rétablir partout le culte, après les années sombres de la Révolution. Il ne devait pas rester longtemps à la tête de son important diocèse, car atteint par la maladie, il partit se faire soigner à Paris où il mourut le 1er mai 1808.
De 1808 à 1820, il y eut une longue vacance du siège épiscopal de Saint-Flour. En effet, certains évêques meurent avant d’être intronisés, tel Mgr Amable de Voisins, ou doivent renoncer en raison de conflits entre Napoléon Ier et le Saint-Siège.
Louis-Siffren-Joseph de Salamon (1820-1829)
Louis-Siffren-Joseph de Salamon naquit le 22 octobre 1750 à Carpentras dans le Comtat-Venaissin qui, à cette époque, était possession du Saint-Siège. Son père, docteur en droit, fut à plusieurs reprises premier consul de Carpentras. Son grand-père maternel était imprimeur. Louis-Siffren-Joseph commença ses études au collège des Jésuites de Carpentras et les poursuivit chez les Oratoriens de Lyon. Il perdit son père en 1775 et fut ordonné prêtre l’année suivante. Il fit ses études de droit, obtint le titre de docteur et devint auditeur de la Rote d’Avignon puis chanoine du chapitre de la collégiale Saint-Pierre. En 1785, il entra au Parlement de Paris en qualité de conseiller-clerc. Au début de la Révolution, il fut nommé internonce et réussit à échapper à la prison et à l’échafaud. Durant cette période troublée, il renseigna le pape Pie VI sur tous les événements qui se déroulèrent en France et en particulier sur la Constitution Civile du Clergé. Sous le premier Empire, il se fit affilier à la Franc-Maçonnerie, ce qui, à l’époque n’avait rien de scandaleux pour un ecclésiastique. Il fut nommé aux évêchés de Belley et de Bayonne, puis transféré à celui de Saint-Flour en 1820. Dès son entrée en fonction, Mgr de Salamon nomma trois vicaires généraux pour faire face à cet important diocèse, et parmi eux, l’un de ses propres frères. Il rétablit les sœurs dominicaines de Langeac en 1822 mais l’année suivante, le diocèse du Puy allait être définitivement détaché de celui de Saint-Flour. En 1826, il bénit les nouveaux bâtiments du monastère de la Visitation à Saint-Flour, créa deux nouvelles fondations de religieuses cloitrées, les sœurs de Notre-Dame à Saint-Flour et à Salers, et fit relever les deux tours de la cathédrale démolies à la Révolution. Il mourut en 1829.
Marie-Édouard de Gualy (1829-1833)
Marie-Édouard de Gualy naquit en 1774 au château de Creyssel, près de Millau, de Marie-Antoine et Marie-Anne de Rech, le septième de treize enfants. Il fut sacré évêque de Carcassonne par son oncle qui en occupait le siège épiscopal. Son séjour à la tête du diocèse de Saint-Flour fut de courte durée puisqu’il fut promu archevêque d’Albi en 1833. Il fut reçu dans sa nouvelle cathédrale par un ancien curé, devenu vicaire général, et qui fut son successeur à la tête du diocèse de Saint-Flour. Mgr de Gualy mourut le 18 juin 1845.
Jean-Pierre-Marie Cadalen (1833-1836)
Il naquit à Alban dans le Tarn en 1788. Il fut curé à Albi puis vicaire général de ce diocèse. Il fut nommé évêque de Saint-Flour en 1833 mais ne prit possession de son siège épiscopal que l’année suivante. C’est à lui que l’on doit la création de la caisse des retraites ecclésiastiques. Son épiscopat fut de courte durée puisqu’il mourut le 16 avril 1836.
Frédéric-Gabriel-Marie-François de Marguerye (1837-1851)
Frédéric de Marguerye naquit à Sainte-Marguerite des Loges, diocèse de Bayeux, le 8 mars 1802, d’une des plus anciennes familles normandes. Son père, après avoir exercé le métier militaire, entra dans la magistrature. Frédéric fit ses études à Argentan, Lisieux et Paris. Il reçut la prêtrise le 31 juillet 1825, fut préfet de religion au collège Stanislas à Paris, puis aumônier des dames Augustines à Bayeux. Mgr de Rohan, archevêque d’Auch, le fit chanoine et le prit comme secrétaire particulier. Il le suivit à Besançon puis devint vicaire général à Soissons. Il fut promu évêque de Saint-Flour en 1837 et sacré le 26 novembre de la même année dans la cathédrale de Bayeux. Ce jeune évêque passionné d’archéologie va parcourir le Cantal pendant quatorze ans, visitant toutes les églises, délivrant conseils architecturaux et consignes d’aménagements. Avec lui, ce sont non seulement les églises mais aussi les villages qui ont changé de physionomie. Il crée l’institution des Frères et la maison de Saint-Viateur aux Ternes, fait rédiger un nouveau catéchisme, crée l’œuvre pour l’extinction de la mendicité ainsi qu’une société mutuelle de bienfaisance des ouvriers, et refonde d’innombrables confréries dans les paroisses. Transféré au diocèse d’Autun en 1851 il y poursuivra son œuvre et emmènera avec lui son vicaire général, Mgr Bouange, le biographe de saint Géraud et futur évêque de Langres. En 1872, il se retire à Paris où il s’éteint le 20 janvier 1876.
Jean-Paul-Marie Lyonnet (1851-1857)
Jean-Paul-Marie Lyonnet naquit à Saint-Étienne (Loire) le 22 juin 1801. Il fit ses études de théologie au grand séminaire de Saint-Irénée à Lyon. Il publia les Traités de la justice et des contrats, où le théologien met en harmonie les principes du droit civil avec ceux de la science, puis une Histoire du Cardinal Fesh, oncle de Napoléon Ier, dont il fut le secrétaire. Il fut nommé évêque de Saint-Flour en 1851 et prit possession de son siège l’année suivante. Durant son épiscopat eut lieu le couronnement de Notre-Dame des Miracles de Mauriac. Il introduisit également un nouveau propre du diocèse. Il s’occupa particulièrement du grand et petit séminaire qu’il qualifiait « d’école Polytechnique » pour le premier et de « Saint-Cyr pour le service des autels du diocèse » pour le second. La cathédrale fut agrandie de deux nouvelles nefs et l’achèvement de l’église Saint-Géraud à Aurillac fut commencé. Transféré à l’évêché de Valence en 1857, puis nommé en 1864 à l’archevêché d’Albi, il mourut le 24 décembre 1875.
Pierre-Antoine-Marie Lamouroux de Pompignac (1857-1877)
Pierre-Antoine-Marie Lamouroux de Pompignac naquit à Saint-Flour le 2 juillet 1802. Il appartenait à une famille de magistrats. Il fit d’abord ses études au collège de sa ville natale de 1814 à 1822 et sa théologie au séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Il entra chez les sulpiciens et enseigna au grand séminaire de Rodez, puis fut supérieur de la communauté des philosophes à Vabres. En 1839, pour des raisons de santé, il quitte la compagnie de Saint-Sulpice et rentre dans son diocèse d’origine, comme chanoine honoraire, puis titulaire, puis vicaire général en 1842. En 1857, au départ de Mgr Lyonnet il est nommé évêque de Saint-Flour et sacré le 28 octobre de la même année. Il va conduire les destinées de ce diocèse pendant vingt ans avec sagesse, aimé de ses prêtres et de ses diocésains. Il a publié plus de 120 lettres pastorales, mandements, etc. En raison de son mauvais état de santé il ne participa pas au concile œcuménique Vatican I mais prit part au concile provincial du Puy en 1873. Il fut chevalier de la Légion d’Honneur. Il mourut lors d’une tournée pastorale vers Mauriac le 23 mai 1877.
François-Marie- Benjamin Baduel (1877-1891)
Benjamin Baduel est originaire d’une famille aristocratique aveyronnaise, à Oustrac près de Laguiole, où il naquit le 6 décembre 1818. Il fit ses études théologiques au séminaire Saint-Sulpice à Paris et fut secrétaire particulier de Mgr Foulquier, évêque de Mende. Pendant une dizaine d’années, il sera aumônier militaire à Paris, pendant la guerre de 1870 notamment. Revenu à Oustrac au moment de la Commune, il fut nommé curé de Notre-Dame de Villafranche de Rouergue. En 1877, il est nommé évêque de Saint-Flour. Mgr Baduel fut un chef spirituel du diocèse compétent et d’une charité proverbiale. Il mourut à Saint-Flour en 1891.
Jean-François-Marie Lamouroux (1892-1906)
Jean-François-Marie Lamouroux naquit à Saint-Etienne (Loire), mais vécut à Murat où son père avait été nommé à la Sous-préfecture. Il entra au Grand Séminaire de Saint-Flour en 1853 et fut le condisciple de Mgr Pagis, futur évêque de Verdun. Encore séminariste, il est nommé professeur au Petit Séminaire de Saint-Flour. Une fois prêtre, en 1857, il devint le secrétaire particulier de Mgr de Pompignac, puis secrétaire général de l’évêché, vicaire général, et enfin fut nommé évêque de Saint-Flour en 1892. Durant son épiscopat il fut affecté par les lois contre les congrégations religieuses et connut, en particulier, le départ des Lazaristes du Grand Séminaire. Il fut le fondateur de l’école libre Gerbert, avenue de la République à Aurillac. Il dut renoncer à ses fonctions en 1906 pour raison de santé.
Paul-Augustin Lecoeur (1906-1942)
Paul Lecoeur naquit à Rouen le 13 mars 1848. Il participa à la guerre de 1870, en qualité d’infirmier brancardier volontaire. Ordonné prêtre, il fut professeur, puis supérieur de l’Institution Saint-Lambert à Rouen. Nommé évêque de Saint-Flour le 13 juillet 1906, il connaît les événements de la Séparation et fut, notamment, chassé de son palais épiscopal. Le 15 décembre 1906, les séminaristes sont également chassés du Grand Séminaire de Saint-Flour et doivent trouver refuge dans la maison des Missionnaires, montée des Roches. Le 22 mai 1913, le Grand Séminaire est mis en vente et racheté par le chanoine Fleuret qui le remet à Mgr Lecoeur, permettant aux séminaristes de réintégrer leur vénérable maison. L’année suivante éclate la Grande guerre à laquelle prirent part de nombreux prêtres et séminaristes du diocèse de Saint-Flour. Beaucoup y trouvèrent la mort. Mgr Lecoeur devait également connaître les débuts de la guerre de 1939-45. C’est sous son épiscopat qu’a été construite l’église du Sacré-Cœur d’Aurillac, érigée en église paroissiale en 1934. Mgr Lecoeur fut chevalier puis officier de la Légion d’Honneur. Il mourut le 18 mars 1942 à Saint-Flour où il avait été évêque durant 36 ans. Il avait 94 ans.
Henri-Marie-Joseph Pinson (1943-1951)
Henri Pinson naquit à Bourges le 24 novembre 1885. Il fit ses études supérieures à l’Institut Catholique de Paris où il prépara une licence en histoire. Il se lia d’amitié avec le futur cardinal Liénard. Ordonné prêtre en 1911, il participa à la Grande guerre en qualité d’infirmier. Il fut professeur, puis directeur spirituel au séminaire des vocations tardives de Fontgombault. Il enseigna les Lettres et la musique et certains de ces élèves étaient originaires du diocèse de Saint-Flour, notamment les chanoines Bressange et Joubert. En 1936, le chanoine Pinson fut nommé curé de Vierzon et devint aumônier national de l’ACI. En pleine guerre, il fut nommé évêque de Saint-Flour, le 12 janvier 1943. Sacré en la cathédrale de Bourges par le cardinal Liénard, il prit comme secrétaire particulier son cousin, le chanoine André Deroche. Il était membre de la Croix-d’Or et dans son diocèse il s’efforça de promouvoir l’Action Catholique. À Saint-Flour, et sous l’impulsion de Mgr Pinson, eut lieu du 31 août au 2 septembre 1945, le premier congrès de Pastorale Liturgique dont le thème était la messe dominicale. Les congressistes étaient nombreux et de qualité, notamment le cardinal Gerlier, plusieurs évêques et de nombreux prêtres et religieux. Mgr Pinson mourut subitement le 17 avril 1951. Il fut inhumé dans sa cathédrale.
Gabriel-Auguste-François Marty (1952-1959)
François Marty naquit à Pachins (Aveyron) le 18 mai 1906, fils de François et Zoé Gineste, cultivateurs. Il fit ses études secondaires à Graves, puis ses études supérieures à Toulouse où il soutint une thèse de Doctorat. Il fut successivement vicaire à Villefranche de Rouergue et Rodez, curé de Bournazel, Rieupeyrou et archiprêtre de Millau, puis vicaire général de Rodez. En février 1952, il est nommé évêque de Saint-Flour et sacré en la cathédrale de Rodez le 1er mai 1952. Le cardinal Saliège, archevêque de Toulouse et originaire des environs de Mauriac, était présent à la cérémonie. Le nouvel évêque prit son cousin, l’abbé Noël, ancien aumônier militaire, comme secrétaire particulier. En vue de promouvoir la pastorale des Cantaliens de Paris, en liaison avec le chanoine Carbonnel, il met en place la Paroisse Cantalienne de l’Ile de France. En 1959 il est nommé coadjuteur de Mgr Marmottin, à Reims et l’année suivante il devient archevêque de Reims. Il participe au Concile Vatican II puis fut nommé président épiscopal de la Mission de France. En mais 1968, il est nommé archevêque de Paris, alors que la capitale est en pleine crise estudiantine. En mars 1969, il est nommé cardinal, puis président de la conférence épiscopale française. En 1975, il préside l’implantation d’une communauté monastique à Saint-Gervais. Il quitte Paris le 28 février 1981, remplacé par Mgr Lustiger, et se retire chez les dominicaines de Monteils (Aveyron). Il meurt accidentellement le 16 févier 1994 et ses obsèques furent célébrées en la cathédrale de Rodez. Il est inhumé au cimetière de Pachins.
Maurice Pourchet (1960-1982)
Maurice Pourchet naquit à Morteau, diocèse de Besançon, le 2 novembre 1906. Il fit ses études à Maiche et Faverney, et ses études théologiques au séminaire Saint-Sulpice à Paris. Il fut ordonné prêtre le 29 juin 1931 et nommé vicaire à la cathédrale de Besançon, puis étudiant au séminaire français de Rome et chapelain de Saint-Louis-des-Français. Nommé aumônier du lycée de Belfort puis sous-directeur des œuvres de cette ville, puis directeur des Œuvres du diocèse de Besançon en 1947, vicaire général en 1951 et prélat de sa sainteté en 1952. Maurice Pourchet fut nommé évêque de Saint-Flour le 28 mars 1960, et sacré dans la cathédrale de Besançon le 21 mai 1960, en présence du cardinal Feltin, archevêque de Paris et du cardinal Lefebvre, archevêque de Bourges. Il participa aux diverses sessions du Concile Vatican II, au cours duquel fut béatifié le jésuite Jacques Berthieu, premier martyr de Madagascar, le 8 juin 1896 et originaire de Polminhac. Sous l’épiscopat de Mgr Pourchet furent édifiés à Aurillac l’église Saint-Joseph Ouvrier, érigée en paroisse le 25 juin 1961, la chapelle de la rue des Alouettes et enfin, le bâtiment de la section Saint-Paul. Mgr Pourchet était chevalier de la légion d’honneur. Il se retira à Besançon en 1982. Il est décédé le 2 janvier 2004 et a été inhumé à la cathédrale de Saint-Flour.
Jean Cuminal (1982-1990)
Jean Cuminal naquit à Amiens le 2 avril 1923. Il fit ses études universitaires à Paris où il est ordonné prêtre le 29 juin 1946. Il fut successivement vicaire à Ham (Somme), directeur du Grand Séminaire d’Amiens, puis secrétaire national de l’Enseignement libre de 1964 à 1972. De 1972 à 1974, il est vicaire épiscopal à Moulins, puis curé d’Albert (diocèse d’Amiens). Le 8 mars 1975, il est sacré évêque en la cathédrale d’Amiens et devient évêque auxiliaire de Mgr Lallier, archevêque de Besançon. Vicaire capitulaire de ce diocèse de 1980 à 1982, il est nommé évêque de Saint-Flour le 10 mai 1982 et intronisé le 4 juillet de la même année. Il fait rénover la maison de retraite Saint-Raphaël où il établit son « évêché d’Aurillac ». Il introduit les frères de Saint-Jean à Murat et à Aurillac et est également à l’origine du conseil pastoral diocésain des laïcs. Il était chevalier de la Légion d’honneur et du Mérite Agricole. Le 25 juillet 1990, il devient évêque de Blois. Il mourut après une longue maladie, le 18 avril 1996, et fut inhumé en la cathédrale Saint-Louis de Blois.
René Séjourné (1990- 2006)
René Séjourné naquit à Aviré (Maine et Loire) le 29 mai 1930. Il fit ses études secondaires à Angers et fut ordonné prêtre le 7 octobre 1955 à Angers. Il fit ses études en droit canonique à l’université grégorienne de Rome de 1955 à 1957 et soutint une thèse de doctorat sur la liberté religieuse des jeunes et la responsabilité des parents. Aumônier au lycée Joachim du Bellay d’Angers de 1957 à 1967, puis nommé à la secrétairerie d’État du Vatican de 1967 à 1987, il fut sacré évêque le 5 septembre 1987 en la Basilique Saint-Pierre de Rome et nommé recteur de Saint-Louis-des-Français de 1987 à 1990. Mgr Séjourné a été nommé évêque de Saint-Flour le 13 septembre 1990. Sous son épiscopat on a construit la chapelle de Super-Lioran. À sa demande a eu lieu à Rome la béatification de Catherine Jarrige, dite Catinon Menette, qui s’est illustrée à Mauriac pendant la Révolution. Mgr René Séjourné est chevalier de l’Ordre National du mérite et chevalier de la légion d’honneur. Depuis 2006, il s’est retiré pour raison d’âge.