Ce vendredi 9 août le diocèse de Saint-Flour a vécu à Chastel-Marlhac, petit bourg du Nord-Cantal, une journée commémorative en mémoire de l’abbé Jean-Marie SABATIER, enfant de ce village, et mort en martyr lors de la Commune de Paris, le 26 mai 1871
En présence de notre évêque, Mgr Didier Noblot, du père Michel Malvezin, curé doyen de la paroisse Ste Marie en Sumène-Artense, du père Patrick Joly, natif lui aussi de ce village de Chastel-Marlhac, et du père Didier Delpirou, curé de Bort-les-Orgues, de nombreux fidèles se sont rassemblés dans l’église du bourg pour ce temps fort de prières.
Tout d’abord, Mme Pascale Moulier, archiviste diocésaine, a donné une conférence de grande qualité, illustrée par de nombreuses photos ou documents de l’époque. Elle a bien expliqué le contexte de cet évènement si tragique et dramatique que fut la Commune de Paris, avec un grand souci de neutralité historique.
Jean-Marie Sabatier, issu d’une famille modeste, est « monté » à Paris pour accomplir sa vocation de devenir prêtre. Il occupe la fonction de 2ème vicaire de la paroisse ND de Lorette, lorsque les évènements surviennent. Il est un prêtre très présent pour soulager de son mieux les personnes en grandes difficultés, et particulièrement investi auprès des enfants défavorisés. Il aurait pu partir quand le danger s’est fait oppressant, mais à choisi délibérément de rester auprès de ses paroissiens en détresse. Lors de son arrestation, le 12 avril 1871, une grappe d’enfants s’est agglutinée autour de lui en essayant de le préserver, mais les hommes armés ne se sont pas laissés attendrir… Après un peu plus d’un mois de détention, l’abbé Sabatier est emmené le long des rues de Paris, dans un groupe composé de 50 otages, dont 10 prêtres ou religieux. Ils vivent un vrai « chemin de Croix », sous les insultes d’une foule haineuse, et sont fusillés rue Haxo. Et même leurs corps vont être profanés après leur mort, puis jetés dans une fosse commune.
La dépouille de l’abbé Sabatier, retrouvée par l’abbé Raymond quelques mois plus tard, va être honorée lors d’un office à ND de Lorette, puis rapatriée à Chastel-Marlhac, où il est inhumé après une cérémonie où sont présents tous les prêtres du canton de Saignes. En mars 1959, le chanoine Chastel fait exhumer le corps, qui est reconnu et béni, avant d’être déposé dans un nouveau cercueil , et de rejoindre pour toujours le caveau familial. Ses effets personnels ont été recueillis avec soin, et déposés dans un beau coffre de bois, dans la sacristie de l’église du village.
Après cette conférence, notre évêque et les prêtres ont concélébré une messe empreinte d’une grande ferveur, et accompagnée de musique et de chants très émouvants.
A l’issue de la messe, une procession s’est rendue au cimetière, pour honorer encore le martyr, et déposer de belles gerbes sur sa tombe . Ensuite un convoi s’est formé pour aller au hameau de Varagnes, devant la maison natale du prêtre .
Le jeudi 8 aoùt, se tenait à La Font-Sainte la journée de la paroisse cantalienne de l’Ile de France, et la mémoire de l’abbé Sabatier était vivante dans tous les esprits. La paroisse ND de Lorette au coeur de Paris, honore toujours la mémoire de son prêtre, vénérable martyr.. Une messe a été célébrée en son église au même instant que celle de Chastel-Marlhac, où était présente une gerbe de fleurs offerte par cette paroisse .
Le 22 avril 2023, le père Planchat et 4 religieux de Picpus ont été béatifiés par le pape François. Nous espérons que bientôt l’abbé Jean-Marie Sabatier pourra l’être à son tour, lui qui, à l’exemple du Christ, vivait son sacerdoce en vrai serviteur de ses frères, et qui a connu le martyre pour la seule raison qu’il était prêtre…
Merci à Odile Thomé et Florence Veuze pour l’article et les photos