Mardi 2 juillet a eu lieu dans l’église de Jabrun la remise officielle des archives et de la collection d’objets kanaks du père Jean Gilibert, originaire de cette paroisse et qui fut missionnaire en Nouvelle-Calédonie de 1858 à 1891. Les archives, composées d’un journal, de photos et de correspondance, ont été remises aux archives diocésaines et la collection d’objets a été confiée à M. Kasarhérou, président du musée du quai Branly. En 2007, sœur Marie-Louise Gondal éditait le journal de Jean Gilibert, après un travail minutieux de collectage et de transcription. En juillet dernier, Pierre Gilibert, dépositaire des archives, des objets et des recherches de Marie-Louise Gondal, a décidé de confier ce précieux héritage aux archives diocésaines et au musée du Quai Branly. Le journal, rédigé dans des îles du nord de la Nouvelle-Calédonie, est constitué de dix cahiers, dont huit nous sont parvenus. D’une « plume alerte et colorée », le père Gilibert fait preuve d’une véritable curiosité ethnographique. Il observe « les mythes et les rites, qui sont pour lui étranges, et qu’il ne peut ou ne sait déchiffrer ; les particularités géographiques, climatiques, sociales ; les noms des chefs et des gens du pays et ceux des caboteurs et des aventuriers, chercheurs d’or ou porteurs de la bonne nouvelle, qui mettent pied à terre ; les fêtes et les guerres locales ». Il reste en contact constant avec sa famille, comme en témoigne un cahier relié comprenant toutes les lettres qu’il reçoit de son frère Antoine, prêtre comme lui (curé de Condat, Allanche et Sainte-Christine), de ses trois sœurs et de son frère aîné qui exploitait la ferme familiale à Auliac de Jabrun. Comme le précise Marie-Louise Gondal, « le Père Jean Gilibert fut, avec près d’une trentaine d’autres Maristes, dont les Pères Thomassin, Vigouroux, Lambert, Montrouzier, souvent issus de la paysannerie française, non seulement un apôtre, mais aussi un ingénieur et un inventeur. Tracer des chemins, capter les sources, introduire l’élevage, réinventer le pain et le beurre, multiplier les plantations, codifier une écriture, construire une église, si vite envahie par la végétation, il lui fallait faire appel à tous les savoir-faire acquis à Jabrun, et au-delà ». Il mourra loin de son pays natal, en terre calédonienne, mais son journal ainsi que les objets qu’il avait collectés de la culture kanak ont été rapatriés en France. L’un de ces objets, une hache ostensoir, est une pièce particulièrement précieuse et rare. Le journal et les archives sont consultables aux archives diocésaines sur rendez-vous.

Pascale Moulier

Archiviste diocésain

Source : Marie-Louise Gondal, Un voyage sans retour, de l’Aubrac à la Nouvelle-Calédonie. Journal de Jean Gilibert, CEPAC, 2007.

Ci-dessus, le père Gilibert entouré d’enfants kanaks.

Bâton de bambou gravé.

La maison familiale à Auliac de Jabrun.

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