Le CMR (Chrétiens en Monde Rural) qui compte 6500 membres en France, prépare une rencontre nationale originale fin aout au Lioran (15) : elle sera ouverte à tous et il n’y a pas d’équipe CMR dans le Cantal !

Jean-Luc, le CMR compte beaucoup dans ton cheminement. Peux- tu nous dire comment il te façonne ?

Après notre mariage en 1989, Marie-Claire et moi avons rejoint une équipe du CMR et je suis, depuis 2021, co-président national. L’Action catholique et ses mouvements ont toujours été en toile de fond dans notre quotidien, notre travail d’enseignants, nos engagements et notre vie de foi. Je me sens particulièrement Chrétien en Monde Rural par la façon dont je vis la classe avec les enfants par exemple (développer le Vivre Ensemble, le soutien scolaire, la citoyenneté, le lien à la nature, la solidarité y compris internationale, les sciences avec les outils du CCFD-TS) et dont j’essaie d’accompagner les familles dans leurs diversités et histoires singulières.

Être du « monde rural », qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

On est dans un village de 1000 habitants en Maine-et-Loire, à 15 km en vélo de l’école où j’enseigne et à 20 de là où je suis né. Habiter le rural, c’est une qualité de vie et pour moi une proximité avec voisins, associations, mairie pour co-construire alors que les services publics disparaissent, que la culture se centralise en ville… : rencontres entre paysans et consommateurs sur les marchés ou les AMAP, spectacles dans nos villages…

Le rural c’est aussi être au contact et nourris par les espaces naturels et sa biodiversité à préserver. Comme enseignant et avec les enfants de l’ACE, nous avons une chance inouïe : celle d’éveiller, de transmettre, de se reconnecter à la nature en jardinant, en plantant des haies, en observant les étoiles aux changements de saison…

Le défi, c’est de faire en sorte que le rural ne soit pas qu’un bel espace où l’on vient chercher le calme, mais aussi un lieu où se relient les cœurs, les personnes, les projets pour inventer une société résiliente.

Tu es Co-président, qu’est-ce que ça implique ?

Je ne travaille plus qu’à 75% depuis que j’ai pris des responsabilités. La co-présidence est une volonté du mouvement et autant que possible en mixité. Le CMR se réfère aux Evangiles, à la pensée sociale de l’Église et aux encycliques du pape François Laudato si’ et Fratelli Tutti. En 2015, on s’est réjoui que le pape prenne une position très marquée en faveur de l’écologie, et cela en toute légitimité et dans une vision indissociable de celle des hommes et du monde comme invitation à se sentir co- responsables du don de la Genèse.

Les thèmes qui vont être développés au Festi’rural sont vraiment ceux qui m’habitent : l’alimentation, l’agriculture, la santé, la mobilité, l’eau, la famille, l’accueil des nouveaux habitants, la solidarité internationale… Ca résonne vraiment avec ce qu’on essaie de vivre au quotidien avec Marie- Claire et en famille.

L’accueil de nouveaux habitants, c’est aussi les migrants ?

Bien sûr, le territoire rural peut être source d’apaisement pour certaines familles de migrants. Il y a 15 ans, après une OQTF délivrée à une famille arménienne, le sujet a pris de la place dans nos vies. Le Conseil départemental ne finançait plus son accueil en hôtel alors, comme notre maison a un grand terrain, on l’a accueillie dans une caravane pendant 3 mois. Puis d’autres de diverses nationalités ont été hébergés dont Mohamed, mineur isolé, arrivé par la Méditerranée en Italie. On l’a accompagné dans son parcours : découverte de la vie en France, ses études, son permis, puis le logement, son mariage…. Après un CAP en alternance, puis bac et BTS, il a obtenu la nationalité française.

Le Souffle de l’Esprit nous mène vers des lieux auxquels on n’aurait jamais pensé. En couple, on avait prévu d’être coopérants mais le projet est tombé à l’eau. Finalement, c’est le monde qui vient à nous, coloré de visages et de cultures. On ne peut pas se désintéresser de ce qui se vit ailleurs, nos destins sont liés. Pourtant, on fait aussi le constat que nos villages sont gangrénés par la peur de l’étranger qu’on ne connait pas. Mais quand Jésus dit « Donne moi à boire » il ne demande pas la carte d’identité !

Ta foi dans tout cela ?

Elle est au cœur. La Parole de Dieu est un moteur, un envoi et aussi un temps de pause. L’exemple du Nazaréen sur les routes humaines colle à la manière dont j’essaie de vivre au quotidien, de travailler, d’être en responsabilité au CMR : regarder la société, les gens et essayer d’y repérer des fragilités, des solidarités, des espérances pour être, ensemble, acteurs de transformation du monde.

Comment vois-tu l’originalité du Festi’rural, puisque pour la première fois, ce ne sera pas un congrès interne ?

Habituellement, les congrès sont pilotés par l‘équipe nationale pour les membres CMR. Cette fois, on co-construit ces trois jours dans une posture de rencontres et de confiance pour un festival culturel et citoyen. Nous souhaitons fêter le bien vivre en rural, promouvoir les actions de développement local et ses acteurs engagés, au nom de notre foi. Cette posture d’écoute me nourrit, c’est celle de Jésus sur les routes.

Et toi, qui pourrais tu remercier le 24 mai ?

Je pense à trois destinataires : les enfants de mes classes et ceux de l’ACE, ils sont les porteurs de ce que nous espérons dès aujourd’hui ; les acteurs politiques de grande proximité avec qui nous réfléchissons pour transformer le monde ; et j’enverrais un message de confiance à la Terre, comme nous le faisons avec l’association Des enfants et des arbres, lorsque nous plantons des haies, nous enfouissons dans chaque trou un message d’espoir. https://festirural.org/

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