
Le transfert de l’ancienne bibliothèque du Petit Séminaire de Saint-Flour au Grand Séminaire a révélé une belle surprise car au fond d’une étagère poussiéreuse se trouvaient des archives ainsi que deux ouvrages de l’ingénieur-paysagiste François Duvillers. Ces albums de grand format, illustrés de planches colorisées, présentent les réalisations de ce paysagiste qui fut célèbre en son temps et dont certaines créations existent encore comme le jardin public de Montélimar. Sa célébrité lui valut de recevoir des distinctions de différents souverains comme Louis II de Bavière, du roi du Siam ou encore du Shah d’Iran, que nous avons retrouvé pieusement conservées. Une petite recherche nous a permis de découvrir comment ces documents, rares et recherchés en ce qui concerne les deux albums, ont pu se retrouver à Saint-Flour. L’explication tient au fait que François Duvillers eut une fille unique, Julie-Rosalie, qui épousa à Paris en 1885 Pierre-Antoine Delotz, ancien percepteur de Saint-Flour et maire de Védrines de 1904 à 1922. La famille Delotz possédait le bel hôtel particulier situé au 19 de la rue de la Rollandie où naquit le poète de Belloy. Le couple aura un enfant unique, François, qui naît en 1885 et meurt sur le front en 1914. Après le décès de son époux, Julie-Rosalie, n’ayant pas de descendance, lègue sa maison de la rue de la Rollandie à l’évêché afin de servir de presbytère, et semble avoir choisi l’abbé François Chastang, originaire de Védrines et professeur à la Présentation (Petit séminaire de Saint-Flour), comme exécuteur testamentaire. Nous pensons que l’abbé Chastang a hérité des documents familiaux et des deux albums à cette occasion, qu’il a eu la bonne idée de placer dans la bibliothèque de l’institution.
Qui était François Duvillers, l’un des plus grands paysagistes du XIXe siècle, aujourd’hui un peu oublié ? François Duvillers (1801-1881) était fils et frère de jardinier. Il suit les cours de botanique au Muséum d’histoire naturelle de Paris et commence à composer des jardins dès 1836. Sa clientèle était bourgeoise et aristocratique, mais il a aussi travaillé pour des espaces publics, en France et à l’étranger (Suisse, Russie, Espagne). Ses créations proposent une réduction du monde et mettent en scène des rocailles, des chemins et ruisseaux sinueux, des îles à thème et des pièces d’eau. Les planches colorisées des Parcs et jardins de François Duvillers publiés en 1871 et 1878, albums désormais conservés aux archives diocésaines, sont parfois l’unique mémoire de ces extraordinaires jardins, disparus pour la plupart.
Pascale Moulier
Archiviste diocésain
Pour en savoir plus : Isabelle Levêque, L’œuvre de François Duvillers (1807-1881), Polia, 2004.

