Un beau cliché conservé aux archives départementales du Cantal montre une grosse cloche prête à être réinstallée dans son clocher à Calvinet. Cette église possède trois cloches, l’une porte la date de 1605 et a été classée en 1908 car on pensait (à tort) qu’elle avait été baptisée par Marguerite de Valois, dite la reine Margot. Une autre porte le millésime 1848 et fut fondue par Aliès d’Aurillac. La cloche que l’on peut voir sur cette photo est la plus grosse du clocher de Calvinet. L’abbé Trin, auteur d’une intéressante étude sur les cloches du Cantal et d’une monographie consacrée à Calvinet, nous en explique l’histoire. Il rappelle en préambule les différentes missions des cloches, que l’on baptise comme les enfants : « Les cloches ont pour mission d’inviter les fidèles aux offices et à la prière trois fois le jour par la sonnerie de l’Angélus. Leur voix est faite également pour louer Dieu, pleurer les défunts, participer aux joies familiales à l’occasion des baptêmes, des mariages et solenniser les fêtes de l’Église par leur chant harmonieux et gai ».
La cloche de Calvinet porte fièrement l’inscription suivante : « Je suis la seconde cloche de Calvinet bénite en l’honneur de saint Louis. Réduite au silence pour la seconde fois, je retrouve ma voix en l’honneur des enfants de Calvinet morts pour la France. Parrain, M. Cyprien Grasset, marraine, Mme Emilie Cazeaux, née Croute ; M. Jean de Bonnefon, maire ; M. L. Cazeaux, adjoint ; M. Estival, curé, l’an 1924 ». Cette précision un peu obscure, « rendue muette une deuxième fois », s’explique par le fait que fêlée en 1908 et refondue en 1909, elle avait été dotée d’une inscription « un tantinet révolutionnaire qui ne lui porta pas bonheur », selon l’abbé Trin : « Rendue muette par l’incurie de certains, j’ai retrouvé ma voix grâce à une municipalité républicaine, Jean de Bonnefon étant maire et Léon Cazaux, adjoint ». Fêlée à nouveau une dizaine d’année après, elle sera refondue et plus sérieusement associée à la mémoire des poilus de la commune.
Pascale Moulier
Archiviste diocésain
Pour en savoir plus :
Abbé Trin, Les cloches du Cantal, 1954.
Abbé Antoine Trin, Calvinet, histoire et description, 1994.