Hélène et Jean Bastaire, puis Jean seul, mais toujours en communion avec son épouse, ont longtemps travaillé à l’élaboration d’une mystique chrétienne de l’écologie.

Dans ce recueil, publié il y a 20 ans et préfacé par trois évêques, l’auteur dépeint l’homme en intendant fidèle, jardinier et pasteur de l’univers créé : « C’est dans ce but que Dieu a confié à l’homme le soin d’aménager la nature (faire ‘ménage’ avec elle), de la domestiquer (fonder avec elle une ‘maison commune’). »

Cet accord a été brisé par le péché qui a déstabilisé l’ensemble du cosmos, le monde a été déréglé. La Bible retentit pourtant d’une louange persistante qui témoigne d’une harmonie mise à l’épreuve mais non éteinte (psaumes19 et 148, cantique des 3 enfants), harmonie qui embrasse toute la création.

Jean Bastaire, en commençant par Irénée de Lyon, nous propose une nuée de témoins, hommes et femmes, qui à travers les siècles attestent avec éclat de cette communion entre toutes les créatures. Le 17ème siècle réduira au silence la musique des créatures célébrées par ces témoins avant que quelques voix s’élèvent pour appeler les chrétiens à un sursaut : Angelius Silesius, Michelet, Mgr Charles Gay, Dostoïevski, Paul Claudel…

La tentation a été grande de « secouer la poussière de ses sandales sur la création » : on ne s’y attardait pas, sans la mépriser totalement. Elle apparaissait comme un agrément utile. Ce déni du cosmos a amené la société à se servir outrageusement de la terre, en abuser, la piétiner…

L’auteur réfutait le terme de « sauvetage de la création » qui incite, en pleine tempête à regagner le port pour réparer. Il préférait ne pas céder à cette urgence mais plutôt s’interroger sur la place de l’homme et de la nature et rechercher un salut commun à toute la création : ce n’est plus du sauvetage mais bien du salut.

La compassion écologique dépasse donc ce souci d’un simple sauvetage de la création, il s’agit du salut de l’univers. L’homme doit cesser de se livrer au saccage de la planète et doit effectuer cette révolution en lui-même, au plus profond de son for intime ; cette révision ne peut s’opérer qu’accompagnée et nourrie par une mutation dans le domaine spirituel.

Jean Bastaire est le précurseur d’une pensée écologique chrétienne et, ainsi que le notait un article du journal La Croix (2023) : « 10 ans après sa mort, ses intuitions théologiques restent pertinentes et nombre d’entre elles sont présentes dans l’Encyclique Laudato si : la dimension cosmique de la Révélation chrétienne et de l’histoire du Salut, la fraternité avec l’ensemble des créatures, la dénonciation des paradigmes qui ont induit la crise écologique… ». A noter enfin, sa prédilection toute particulière pour François d’Assise dont il avait retraduit le cantique des créatures de l’italien médiéval en insistant pour que grâce soit rendu au Seigneur non POUR mais PAR ses créatures.

Un livre proposé par Odile de l’équipe diocésaine à l’écologie intégrale.

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