Le prix Cognacq-Jay a été créé en 1922 par les époux Ernest Cognacq et Marie-Louise Jay, qui n’avaient pas pu avoir d’enfants. Ce prix d’une valeur de 10 à 25 000 francs récompensait une ou plusieurs familles nombreuses par département, comportant au moins neuf enfants vivants. En 1934, c’est la famille Pouget-Faucher d’Anglards-de-Salers qui reçoit le prix. La correspondance de Mgr Lecoeur comporte une lettre où le couple remercie l’évêque pour son intervention, qui semble avoir été décisive pour l’obtention du prix. Ils font à cette occasion un don de 100 francs et joignent la photo-carte qu’ils ont fait réaliser à cette occasion : « Nous avons pensé qu’il serait peut-être agréable à Monseigneur de faire un peu connaissance avec notre famille votre obligée c’est pourquoi nous nouspermettons de vous envoyer la photographie ». Jean-Denis Pouget, ouvrier agricole, est né en 1889 à Darrazac en Corrèze. Il épouse en 1915 Élise Faucher, née en 1894 à Chapsières d’Anglards, fille d’un vacher. Ils auront ensemble quatorze enfants dont on peut voir dix d’entre-eux sur le cliché, deux étant morts en bas âge. L’aîné, Antoine-Marius est né en 1916 et le dernier, Paul-André (dans les bras de sa mère), est né en 1934. Deux jumelles naîtront encore en 1937.
Ce prix répondait à une grave préoccupation dans la France de l’entre-deux guerre, la chute brutale de la natalité entre 1920 et 1940. La dénatalité est alors considérée comme un « fléau social » et un Conseil supérieur de la Natalité est créé en 1920. Des slogans clament sur des affiches « L’Allemagne ne nous aurait pas attaqués en 1914 si nous avions été 10 millions de Français de plus », ou encore : « Les grandes familles assurent LA PAIX, les petites familles préparent LA GUERRE ». De nombreuses ligues ou groupes de pression apparaissent en parrallèle, associés à la doctrine chrétienne et soutenus par des riches entrepreneurs comme la famille Michelin ou le couple Cognacq-Jay. Le prix reçu par cette famille s’inscrit dans ce contexte, tout comme celui reçu par la famille Charbonnel de Neussargues en 1924.
Pascale Moulier
Archiviste diocésain
Source : Françoise Thébaud, « Le mouvement nataliste dans la France de l’entre-deux-guerres : l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française », 1985 (article en ligne).

