Appelée par mon évêque à coordonner la pastorale des jeunes pour le diocèse du Cantal depuis février 2024, j’étais consciente que cette mission d’accompagnement des acteurs pastoraux et des jeunes impliquait d’être attentive aux mesures prises pour que l’Église soit une maison plus sûre et pour que chacun se sente responsable du bien-être du jeune, même en dehors du contexte ecclésial. Ayant été responsable d’un patronage paroissial entre 2017 et 2021 j’étais déjà bien sensibilisée aux questions de la lutte contre les abus qui faisait douloureusement l’actualité à cette période-là.

         Pour le deuxième conseil diocésain de la pastorale des jeunes que j’organisais, réunissant début octobre une vingtaine d’acteurs pastoraux religieux et laïcs, j’ai donc mis à l’ordre du jour la question de la bientraitance. S’appuyant sur ce qui est déjà mis en place dans beaucoup de lieux d’accueil des jeunes, nous avons convenu d’en faire une relecture et de l’approfondir puisqu’il s’agit bien de penser cette question importante en termes de formation continue. Voici les 4 axes de travail abordés le 8 octobre :

 1-La charte de la Bientraitance sera remise à chaque acteur pastoral ainsi que la lettre d’engagement à signer. Cette charte nationale pour la protection des mineurs, votée par les évêques lors de l’Assemblée plénière de novembre 2021, a pour objectif de mettre à disposition des responsables de mouvements d’Église, et de toutes les personnes engagées dans une responsabilité auprès des mineurs, un support pour établir une culture de bienveillance, de vigilance et de protection. Elle rappelle les règles de base à adopter pour une présence ajustée envers les jeunes tout en conservant une attitude d’éducateur chrétien, témoin de l’Évangile. Ce document synthétique et complet permet une réaction rapide et efficace face à une situation délicate rapportée, rencontrée ou vue. Il sert de réflexion et de partage sur les pratiques existantes et les éventuelles adaptations à mettre en œuvre.

2- Il est rappelé que l’extrait du casier judiciaire B 3 est exigé pour toute personne majeure, y compris pour les personnes venant aider ponctuellement. Loin d’instaurer un climat de défiance, il s’agit au contraire de permettre de vivre la confiance en mettant en place des automatismes. Tout en restant humble sur l’absence du zéro risque malgré les précautions, nous avons une obligation de moyens….

3- Une affichette comportant tous les numéros utiles à l’usage des jeunes et des adultes, va être remise à jour pour être mise en évidence dans tous les lieux d’accueil.

4- Je me rendrai dans chaque doyenné pour un temps de travail et d’échange fondé sur la charte et précédé, si possible pour une majorité, par une formation en ligne, du type de celle du diocèse de Paris : Stop Abus.

             Puisque les parents nous font confiance en inscrivant leur enfant aux activités que nous proposons, il est important de nous en montrer dignes afin que chaque jeune puisse, dans ce contexte ecclésial, grandir et s’épanouir.

Mais au-delà, il faut se former pour détecter et alerter concernant les situations de violence subies dans un cadre familial scolaire ou associatif. Le harcèlement sur les réseaux est un point de vigilance plus récent qui demande aussi notre attention. Comme il est courant qu’un enfant ou un jeune se confie à l’un des animateurs, il faut être formé pour réagir de façon adéquate et maitriser les procédures à suivre. Nous avons retenu dans cette optique l’intérêt d’une rencontre avec les parents sur ce sujet, comme cela se vit sur le doyenné de Saint Flour.

             Au début de l’année scolaire, j’ai bénéficié d’une formation donnée par la Conférence des évêques de France pour les nouveaux responsables diocésains de la pastorale des jeunes et en suis revenue avec des convictions et objectifs renforcés. Il y a quelques années, me semble-t-il, nous étions focalisés en Eglise sur la lutte contre les abus dans un réflexe de défense, alors qu’à présent, l’exigence va plus loin et est inhérente à notre mission d’éducateur chrétien, car il s’agit aussi de construire.  Condamner les agresseurs et permettre le travail de la justice, écouter, prendre soin des victimes et chercher à réparer demeure une préoccupation constante et nous pousse à progresser. En cela, toute crise est source de fécondité… Construire une culture de la bientraitance, c’est à la suite du Christ, voir ce qu’il y a de beau et bien en chaque jeune, l’accueillir dans toute cette dimensions y compris corporelles, affectives et sexuées, vouloir son bonheur pour qu’il réalise sa vocation. De plus, cette sollicitude et bienveillance à laquelle Jésus nous appelle est d’abord un engagement vigoureux en faveur des plus faibles, des plus démunis, des plus menacés et, parmi eux, les enfants et les adolescents.

Alors, parler de la bientraitance ne sera plus le sujet qui fâche mais celui qui sous-tend toute réflexion et action pastorale pour vivre la joie de servir les jeunes.

Marguerite Brunet, coordinatrice diocésaine de la pastorale des jeunes

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