L’église de Villedieu recèle de nombreux trésors, mais l’un d’eux passe un peu inaperçu. Il s’agit de boiseries du XVIe siècle que l’on peut découvrir sur un lutrin ainsi que sur des panneaux fixés au dos des stalles à l’entrée du chœur. Tout à fait caractéristiques de la production artistique de la Renaissance, ces panneaux et médaillons reprennent les modèles italiens qui influencèrent les artistes français tout au long du XVIe siècle. Décors de feuillages, rinceaux humanisés et créatures fantastiques encadrent des médaillons qui imitent les monnaies romaines, où des personnages, hommes et femmes, sont présentés de profil. On retrouve ce type de motifs sur des boiseries situées dans les églises de Bredons, Allanche, Marcolès et Maurs.

Ce sont des artistes itinérants qui réalisaient ces travaux, et dans le cas des stalles et des boiseries, on les appelait « huchiers », les ancêtres des ébénistes. Ces artisans ont introduit dans leurs décors de nombreuses fantaisies : créatures fantastiques, scènes de la vie quotidienne, portraits de bourgeois et bourgeoises vêtus à la mode de leur temps, sorte de photographie de la vie quotidienne au XVIe siècle.

À Villedieu, un huchier a été sollicité au XVe siècle pour réaliser les stalles destinées à accueillir les chanoines du petit chapitre fondé par l’évêque Pierre d’Estaing en 1363.

Un siècle plus tard, les chanoines font appel à un autre artisan pour réaliser un lutrin, couvert de décors sculptés, ainsi que des boiseries dont il ne restait au XIXe siècle que quatre panneaux transformés en placards. De quel type de meuble s’agissait-il à l’origine ? Peut-être d’un meuble de sacristie. Dans les années 1980, ces panneaux ont été restaurés et opportunément placés à l’entrée du chœur, au dos des stalles gothiques. Si l’on y prête attention, on peut ainsi découvrir sept médaillons représentant trois femmes et quatre hommes, tous vêtus de costumes et de coiffes caractéristiques de la fin du XVIe siècle : l’un d’eux, par exemple, arbore un chapeau dit « Albanais », chapeau à haute calotte porté vers 1580. De même, une femme porte une curieuse coiffe, dite « chaperon à bavolet », une mode venue d’Italie. Le format du médaillon ne permet de montrer que la partie supérieure du vêtement, mais on distingue cependant ces manches à crevés si caractéristiques du costume Renaissance. Dans de nombreux cas, la datation des boiseries peut se faire grâce à l’identification des costumes.

Pascale Moulier

Archiviste diocésain

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